lundi 11 décembre 2017

La Part des Hommes #3, une "collab" de classe !

Je ne suis pas forcément coutumier d'arriver à l'avance, voire même à l'heure. C'est aussi le cas pour l'arrivée des nouvelles bières... Et ce n'est pourtant pas faute d'être passionné ! Bref, j'ai failli louper le dernier monument de la Brasserie Elixkir : La Part des Hommes #3 ! Autrement dit, la troisième version des cuvées éphémères de la brasserie vieillies en fût. Je suis arrivé très largement après sa sortie. Et Guillaume a eu la grande gentillesse de m'en sortir une de sous ses fagots secrets. Pour mon plus grand plaisir...

Au-delà de son nom de La Part des Hommes, elle se sous-intitule très poétiquement "Aime moi tendre, aime moi vrai". Sans doute parce qu'elle est issue d'une "collaboration tendre et vraie", ainsi qu'il est inscrit sur l'étiquette de la bouteille, entre Amélia et Guillaume et leurs copains de la Brasserie du Pays Flamand, située à Blaringhem dans le Nord (Gammes Anosteké, Wilde Leeuw, Bracine... www.brasseriedupaysflamand.com), et du Barallel à Toulouse (bar à vins et à bières, cave à vins et à bières, micro-brasserie, www.barallel.com).

Il s'agit d'une "collab", comme on appelle cela, semble-t-il, dans le jargon branché des artisans-brasseurs nouvelle génération. Une pratique consistant pour ces derniers à mettre leurs compétences et talent en commun pour sortir des produits exceptionnels (au sens de cuvée éphémère) et d'exception (au sens qualitatif). La pratique des collab ne date cependant pas d'hier, loin de là. Mais après avoir été popularisée, en particulier, par la brasserie danoise Mikkeller (un tour du monde de "collab" à elle toute seule), elle s'est nettement développée ces dernières années avec la multiplication des brasseries et micro-brasseries artisanales en France et partout dans le monde.

E si l'amitié entre les brasseries Elixkir, du Pays Flamand et Barallel est aussi forte et qualitative que le fruit de leur collaboration, leurs créateurs ont une chance extraordinaire. Ce produit exceptionnel est réellement un produit d'exception. Je suis sûr que cette déclaration sur l'amitié a dû vous tirer une larme d'émotion... Non ? Bon tant pis... Passons alors ! 

Pour cette troisième cuvée, la recette de base a été repensée. Les deux premières éditions avaient pour base la triple d'Elixkir. Ici, il s'agit d'un barley wine, ou vin d'orge (pour éventuellement en savoir plus sur ce style, je vous renvoie à l'une de mes anciennes bafouilles : La Burgonde 10 : la Bourgogne fait aussi du vin d'orge. Ben oui, faut pas déconner, je ne vais pas écrire 50 fois les mêmes choses, vous trouvez sûrement mes bafouilles déjà assez longue comme ça...), ce qui donne déjà une petite idée de la puissance du truc... Nous sommes donc face à un barley wine, bière de fermentation haute puissante, mûrie six mois en fût de Bourbon Buffalo Trace. Ce Bourbon américain (Kentucky) plutôt réputé, issu d'un moût de seigle, d'orge et de maïs, développe des notes caramélisées, vanillées, fruitées (pomme, agrumes...), épicées et de cannelle (source : www.whisky.fr). Après refermentation en bouteille, cette bière titre 11.2 % de teneur en alcool. Ce qui en fait une bière très forte qu'on dégustera idéalement à 14-15° C pour profiter au mieux de ses flaveurs.

La voici, du moins la bouteille... Tellement pressé de la déguster, je n'ai pas pensé à la prendre en photo dans son verre et après... ben, il était trop tard.



Au visuel, sa robe est cuivrée à rubis en remontant de la base du verre au col de mousse, trouble, traversée tout de même de reflets cuivrés. Mousse de consistance crémeuse, ivoire aux teintes beiges, bien collante en longues dentelles entremêlées, persistante en un fin col.

Au nez, les arômes se sont révélés relativement discrets au premier abord. Mais une fois développés, ils ont dévoilé des notes alcoolisées vanillées, caramélisées et boisées, avec même une pointe fumée et une touche épicée. Le tout s'accompagne d'arômes de fruits alcoolisés cuits, type prune, pomme ou poire.

En bouche, l'entrée est légèrement pétillante. Le corps est rond et d'une puissance suffisante pour occuper durablement - et agréablement - le palais : saveurs alcoolisées marquées évoquant, pêle-mêle, les fruits cuits comme la pomme ou macérés dans l'alcool comme la prune et la poire encore une fois, mais aussi la vanille et le caramel, le tout environné d'une pointe fumée et épicée non-négligeable. En fin de bouche, l'amertume est légère, supplantée par la rondeur, la chaleur et la puissance alcoolisées du corps, mais révèle un caractère grillé et légèrement herbacé. Peu persistante, elle laisse la place à une belle longueur chaleureuse.

Encore une réussite (bizarrement, j'ai l'impression de me répéter, s'agissant d'Elixkir...) ! Un barley wine d'une belle puissance. Le fût qui l'a abrité durant six mois a une fois de plus magnifiquement joué son rôle. Je me suis évidemment régalé de ce produit issu d'une "collab" de classe ! A savourer tant à l'apéritif qu'au repas, au fromage ou au dessert : avec des amuses-bouches épicés, un bon plat de gibier en sauce bien mijoté, un bon morceau de roquefort ou de fourme de Montbrison, un chèvre bien affiné et sec, ou encore un Epoisses ou un Maroilles très affinés. Au dessert, du gâteau au prunes confites, une tarte Tatin avec une bonne boule de glace vanille, ou encore une crème brûlée tout simplement.

A lire aussi : 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire