lundi 18 juillet 2016

Deux brasseurs et leur Roteuse

Pour les avoir rencontrés et avoir bu une "Mousse" avec eux, j'en sais enfin un peu plus sur les deux p'tits nouveaux de la scène brassicole côte-d'orienne.

Baptiste et Antoine sont des amis de longue date qui brassent de la bière depuis maintenant neuf ans. Ils ne sont donc pas des brasseurs nés de la dernière pluie. Ils ont commencé, comme de nombreux autres, avec un "kit". Puis ils ont augmenté les doses en achetant du matériel plus imposant et en en faisant goûter autour d'eux. C'est, m'ont-ils expliqué, en entendant des gens qu'ils ne connaissaient pas parler de leurs bières, qu'ils ont tout doucement pensé à faire du brassage leur métier.

Comme c'est dit plus haut, ce ne sont pas des lapins de trois semaines du brassage. Et c'est à force de nombreuses expériences, parfois réussies et parfois franchement ratées, mais aussi de visites d'autres brasseries (notamment en Belgique) qu'ils ont élaboré, et leur projet, et leurs trois bières, qu'ils nous proposeront dans les semaines à venir. Il faut effectivement savoir que chanceux ont été ceux qui ont pu se procurer leurs premières binouzes commercialisées. Elles ont fait un tabac tel que ce premier stock a été écoulé en très peu de temps. A tel point que cette première commercialisation a pris des airs d'avant-première avant les débuts et l'inauguration officiels de la Brasserie "La Roteuse". Bref, l'histoire classique de brasseurs amateurs qui se sont révélés doués et ont pu saisir l'occasion de transformer leur passe-temps en métier.

Et au fait, pourquoi "La Roteuse" ? Un nom, il faut l'admettre, pas très glamour et qui sonne un peu "bière de base"... Eh bien là aussi j'ai eu une réponse : tout simplement parce que Baptiste et Antoine ont toujours appelé les bières des "roteuses", y compris celles qu'ils brassaient en amateurs. Et, au final, si c'est un nom qui heurte et qui pose question, c'est qu'il a une certaine originalité. Et "La Roteuse" est d'ailleurs, outre le nom de la brasserie, aussi le nom officiel de leur première bière, dont il va être question dans les lignes à venir.

Peut-être se dira-t-on qu'il est bizarre d'attendre le troisième article consacré à la brasserie pour présenter sa première bière en date, ainsi que les brasseurs, mais le hasard de l'inspiration et des rencontres a fait que c'est ainsi. Et de plus, comme je l'ai déjà écrit ailleurs, si chez "Secrets de Bières" on faisait tout dans l'ordre, ça se saurait...

Passons à "La Roteuse", la petite blondinette de la bande, mais pas la moins caractérielle. A base de malt d'orge et de blé, de houblons bien fruités et herbacés et d'une poignée de bourgeon de cassis, elle est issue d'un processus de fermentation haute et d'une étape de refermentation en bouteille. Elle titre 6% de teneur en alcool, ce qui en fait une bière semi-forte, qu'on boira aux alentours de 7-8°C (à mon humble avis, bien entendu...)

Voilà la blondinette :

On ne déroge pas à la règle au niveau de l'étiquette et de son design artistique : ici une jolie blonde tatouée laissant échapper, après une gorgée de "Roteuse", un délicat petit rototo...
Au visuel, elle arbore une robe blond foncé trouble, avec des reflets dorés à la base du verre à presque ambrés lorsque l'on remonte vers la mousse. Celle-ci, bien blanche, se révèle abondante, de consistance "crémeuse", légèrement collante à la paroi du verre, et bien persistante.

Au nez, ses arômes sont tout-à-fait perceptibles, et persistants. On commence sur des arômes floraux et herbacés prononcés, notamment sur le bourgeon de cassis qui procure des senteurs de feuille d'arbre et - mais mon nez me fait peut-être des blagounettes - de menthe. Le tout accompagné d'agréables touches d'agrumes.

En bouche, la consistance est plutôt épaisse, ce qui n'empêche pas une effervescence vive. L'entrée est moelleuse, qui laisse place à un corps qui se partage entre fruité (agrumes) et floral (le bourgeon de cassis toujours bien présent). Le tout débouche sur une amertume prononcée, florale et herbacée, qui m'a fait penser à l'amertume de la tige de pissenlit. J'admets que la comparaison n'est pas engageante, mais la douceur et la sucrosité du corps équilibrent bien l'amertume et cette impression est largement atténuée.

Effectivement une blonde de caractère qui n'a rien à envier à ses soeurs rousse et brune sur ce point là. Elle propose un équilibre réussi entre une entrée et un corps moelleux, fruité et floral, et une amertume plus vive, mais non moins agréable. Antoine et Baptiste m'ont confié aimer jouer avec le houblon : j'affirme qu'il le leur rend bien !

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