vendredi 2 février 2018

La Vitteaux vieillit plutôt bien

J'ai fait part, il y a quelques mois, de mes notes de dégustation concernant la Vitteaux ambrée. J'en avais fait de même il y a pas loin de deux ans et demi avec la Vitteaux blonde. Je vais revenir sur ces deux bières dans la présente bafouille, mais pour une dégustation un peu plus particulière cette fois-ci. J'ai effectivement eu la chance, il y a peu, de récupérer deux bouteilles de Vitteaux, conservées en cave depuis bien trois ans dans des conditions de vieillissement idéales (debout, à température constante et fraîche, à l'abri de la lumière) : une ambrée et une blonde. La DLUO de l'ambrée allait en mars 2016. Ce qui veut dire, si je me base sur les DLUO pratiquées par d'autres artisans-brasseurs, qu'elle a donc été brassée un an et demi à deux ans auparavant. La DLUO de la blonde l'emmenait en juin 2016. Je peux donc supposer qu'elles étaient donc âgées de trois ans et demi à quatre ans. 

Voilà qui fait déjà un âge assez avancé pour des bières artisanales classiques. Pour ma part je n'ai que très  (trop ?) rarement bu des bières aussi âgées. Depuis que je la connais, la Brasserie Burgonde a toujours vanté ses produits comme vieillissant bien et évolutifs dans le temps. Mais, allez savoir pourquoi, je n'étais jamais arrivé à faire vieillir les bouteilles que je gardais pour moi... Jusqu'à ce que je découvre ces deux orphelines qui avaient été oubliées dans une cave, et que j'ai pu récupérer. M'arrivaient ainsi, non pas tombées du ciel mais surgies de sous terre, une Vitteaux blonde et une Vitteaux ambrée vieilles de près de quatre ans. Quelle meilleure occasion de les déguster enfin vieillies !

Pour preuve, les étiquettes ci-dessous, encore de l'ancienne génération : 

La Vitteaux ambrée (on remarque les encoches indiquant bien Mars 2016)
La Vitteaux blonde (encoches à juin 2016)

Vitteaux ambrée vieillie

Au visuel, la robe est ambre claire et trouble avec un dépôt important, et traversée de reflets cuivrés. La tête de mousse, blanc cassé, est très vive à l'ouverture de la bouteille et lors du versement avec de grosses bulles. Elle s'atténue rapidement, colle très peu et ne subsiste qu'en un fin anneau le long de la paroi du verre.

Au nez, on sent un bouquet doux aux arômes caramélisés et miellés, accompagnés de notes de fruits cuits, en marmelade, et de fruits secs. Le tout accompagné d'une pointe épicée prononcée.

En bouche, l'entrée est vive et débouche sur un corps de texture légère mais aux saveurs relevées de fruits secs et de fruits cuits ou alcoolisés, liquoreux (pêche de vigne, prune...). Une belle puissance, alimentée aussi par des notes épicées et alcoolisées prononcées et chaleureuses. Elle s'arrondit légèrement d'une touche caramélisée. L'amertume de fin de bouche a presque disparu, subsistant par de légers tons herbacés. L'ensemble persiste peu en bouche malgré sa puissance. 


Vitteaux blonde vieillie

Au visuel, on voit une robe blonde dorée, légèrement trouble, aux reflets dorés. Tête de mousse blanche vive au versement. Peu collante, elle s'atténue rapidement et ne persiste que très peu de temps.

Au nez, elle dégage des tons miellés clairement perceptibles, assortis de notes maltées se traduisant par des arômes toastés. Une légère touche florale conclut le tout.

En bouche, l'entrée est vive et  dévoile un corps plutôt puissant aux saveurs miellées affirmées, agrémentées de notes de fruits confits et cuits, à travers lesquelles l'alcool se fait sentir plus fortement que dans la blonde classique. Il prend la place de l'amertume, largement atténuée avec le temps et très peu persistante. Ce qui rend cette bière plus chaleureuse que d'ordinaire quand on la boit jeune, avec des notes alcoolisées se faisant davantage sentir et persistant assez longuement.

La dégustation de ces deux vieilles peaux de près de quatre ans s'est révélée être une agréable expérience. Loin d'être "passées", elles se sont avérées plus puissantes avec le temps que leurs soeurs beaucoup plus jeunes. Des saveurs plus corsées dans les deux, un alcool plus perceptible qui les rend plus chaleureuses. On ne peut bien évidemment pas échapper à l'atténuation des effets des houblons utilisés, notamment celle de l'amertume. C'est ainsi : toute bière qui vieillit perd la plus grande partie de son amertume. Donc, rien que de très normal. La mousse, elle aussi, se comporte de façon différente. De fait, là où elle se révélait compacte, bien collante et persistante, ces deux bières vieillies ont vu leur mousse devenir très vive à l'ouverture de la bouteille et au versement dans le verre, peu collante et peu persistante. Peut-être aussi l'un des effets du temps. Mais cela n'enlève rien à la qualité gustative de ces bières qui, effectivement, vieillissent bien, du moins lorsqu'elles sont conservées dans les conditions idéales d'une cave fraîche et sombre. Je vous invite à tenter d'en conserver dans ces conditions, même si je comprends toute la difficulté de conserver ces bières aussi longtemps sans les boire...

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