mardi 10 janvier 2017

Une American Pale Ale à Tours

Et c'est reparti pour un petit passage par la Compagnie Tourangelle de Bières, qui a récemment (novembre 2016) lancé une nouvelle représentante de sa gamme "Royale". Axée sur les types Anglo-Saxons et la finesse, cette gamme reste sur la même ligne avec, cette fois-ci, la mise en route de la "Royale American Pale Ale N°1".

"Qu'est-ce qu'une American Pale Ale ?", me demanderez-vous. Non ? Pas grave, on va quand même tenter de donner une explication plus ou moins claire. Promis, je ne serai pas trop long ! Il convient de se demander déjà ce qu'est une Pale Ale. Il s'agit d'un style anglais né à une époque où les ales anglaises (bières de fermentation haute anglaises faisant la part belle au malt) étaient ambrées ou sombres. L'idée était de brasser ce type de bière uniquement avec du malt pâle, donnant pour la première fois une bière bien plus claire (d'où son nom de "Pale Ale"). Titrant en général 5 à 6 % de teneur en alcool, ce type de bière est doux, rafraîchissant et savoureux, dégageant un bel équilibre entre le malt et ses notes de pain ou biscuitée (voire miellées) et le caractère plus fruité ou herbacé du houblon (selon le ou les houblon(s) utilisé(s) ). L'amertume y est aussi plus forte que dans les ales plus sombres. Eh bien, l'American Pale Ale est juste l'appropriation par les multiples artisans brasseurs américains de ce style, en y ajoutant leur touche. Une touche qui se caractérise, comme souvent outre-atlantique, par un houblonnage plus intense. Et on connaît les caractéristiques aromatiques et amérisantes prononcées des houblons américains (fruits exotiques, agrumes, fleurs, épices, résine...).

Voilà pour la petite explication pénible, on peut revenir à l'objet de ma petite bafouille. Un breuvage bel et bien français, mais se voulant une reprise du style "American Pale Ale". Voici donc : 

La Royale American Pale Ale N° 1


On a affaire ici à une bière artisanale, de fermentation haute et refermentée en bouteille. Elle est basée sur un mélange de malts Pilsen (malt de base, blond pâle, doux) et Munich 25 (malt un peu plus foncé, doré), accompagnés de froment. Au niveau du houblon, comme dit plus haut, on se concentre sur des houblons d'origine américaine : le cascade (variété aromatique d'Oregon, populaire auprès des brasseurs du monde entier, aux arômes de fleurs et d'épices), le Chinook (fruité aux fortes notes de pamplemousse, teneur en acides alpha relativement élevée, donc bien amérisant) et l'Amarillo (mélange d'arômes floraux et épicés, amertume marquée). Elle titre 5.6 % de teneur en alcool, ce qui en fait une bière légère, qu'on ne boira cependant pas trop fraîche, le bouquet agréable qu'elle dégage ne méritant pas cela... (plutôt 7-8° C.)

Au visuel, elle arbore une robe blond foncé, trouble aux reflets orangés. Elle est surmontée d'une tête de mousse blanche abondante, de texture crémeuse, collant bien à la paroi du verre (plutôt un beau gage de qualité) et bien persistante. 

Au nez, les arômes sont prononcés et persistants, qui mêlent des notes herbacées et fruitées d'agrumes. Le tout s'agrémente de touches résineuses sympathiques. Les brasseurs parlent aussi de notes de mangue : je ne les ai pas vraiment distinguées, mais mon expertise a ses limites... Cependant, vu les houblons utilisés, les arômes de mangue sont en tout cas plus que plausibles. 

En bouche, l'entrée modérément effervescente, fine, débouche sur un corps relativement puissant aux belles notes d'agrumes (pamplemousse, notes citronnées). L'amertume, marquée, mêle pamplemousse et notes résineuses. La persistance, longue, mêle agrumes et notes résineuses.

Une pale ale qui a bel et bien l'accent américain. Son bouquet plus que fruité et ses touches résineuses sont les caractéristiques on ne peut plus flagrantes de la présence de ces houblons si agréables. Sa texture fine, ses notes fruitées et son amertume agréable en font une bière aussi rafraîchissante qu'idéale à la dégustation. Les brasseurs la conseillent en accompagnement de plats asiatiques et épicés, mais aussi de fromages affinés à pâte cuite (Comté 20-24 mois, vieux Morbier, vieux Gruyère suisse...). Karim et Maxime, brasseurs de la CTB, poursuivent sur leur lancée, et il faut espérer que cela continuera. Rendez-vous (peut-être) pour la prochaine création.

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